24 avril 2011

Everybody hurts

On peut parler du bien qui est en tous, mais non du mal.

Car qu'est-ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et soif ? En vérité, quand le bien a faim, il recherche sa nourriture jusque dans de sombres caves, et lorsqu'il a soif, il boit même les eaux mortes.

Vous êtes bons lorsque vous êtes unis avec vous-mêmes.
Pourtant lorsque vous n'êtes pas unis en vous-mêmes, vous n'êtes pas mauvais. Car une maison désunie n'est pas repaire de voleurs ; elle n'est qu'une maison désunie. Et un navire sans gouvernail peut dériver aux abords d'îles périlleuses sans pour autant faire naufrage corps et biens.
Vous êtes bons lorsque vous tentez de donner de vous-même.
Mais vous n'êtes pas mauvais lorsque vous cherchez le gain pour vous-même. Car lorsque vous recherchez ainsi du gain vous n'êtes qu'une racine qui s'agrippe à la terre et suce son sein. Le fruit ne peut certes pas dire à la racine : "Soir comme moi, mûre et pleine et donnant toujours à profusion." Car pour le fruit donner est un besoin de même que recevoir s'avère un besoin pour la racine.
Vous êtes bons lorsque dans votre discours, vous êtes éveillés.
Cependant vous n'êtes pas mauvais quand vous dormez alors que votre langue discourt sans but ni raison. Et même un discours hésitant peut fortifier une langue débile.
Vous êtes bons lorsque vous marchez vers votre but avec fermeté et d'un pas hardi.
Cependant vous n'êtes pas mauvais lorsque vous y allez en boitant. Même ceux qui boitent ne vont pas en arrière. Mais vous qui êtes forts et agiles, faites attention de ne pas claudiquer devant des boiteux, en croyant bien faire. Vous vous révélez bons dans d'innombrables chemins et vous n'êtes pas mauvais lorsque vous ne vous montrez pas bons, vous ne faites que traîner et stagner. Il est dommage que les cerfs ne puissent apprendre la vélocité des tortues.
Dans votre aspiration vers votre moi supérieur, se trouve votre bonté : et cette attente existe en vous tous. Mais chez certains le désir de progresser est un torrent qui se rue avec puissance vers la mer, en emportant les secrets des collines et les chants des forêts. Et chez d'autres, c'est un petit ruisseau qui se perd en méandres et en courbes et traîne son cours jusqu'au rivage.
Mais ne laissez pas celui qui aspire à aller loin dire à qui veut peu : "Pourquoi es-tu si lent et hésitant ?" Car les êtres vraiment bons ne demandent pas à ceux qui sont nus "Où sont vos vêtement ?" ni aux sans-abris "Qu'est-il arrivé à votre maison ?"

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