2 février 2011

Stone Free

Adorer sa propre liberté, se prosterner aux portes et dans les foyers, comme des esclaves qui s'humilient devant un tyran et le louent alors qu'il les anéantit. Oui, dans le verger du temple et à l'ombre de la citadelle, les plus libres d'entre nous vont porter leur indépendance comme un joug et une paire de menottes. Et notre cœur saigna en notre for intérieur : Car on ne pourra être libre que lorsque le désir même de quête de liberté sera devenu un collier, et lorsqu'on cessera de discourir sur la liberté comme un but et un accomplissement.
En vérité, ne croyez pas que vous serez libres lorsque vos jours couleront sans soucis et que vos nuits se passeront sans besoin et sans peine. Mais bien plutôt lorsque ces choses encercleront votre vie et que vous vous serez élevés au-dessus d'elles nus et déliés. Et comment vous élèverez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sinon en brisant les chaînes que vous avez forgées à l'aube de votre entendement ? En vérité, ce que vous nommez liberté est la plus solide de ces chaînes, quoique ses anneaux chatoient dans le soleil et éblouissent vos yeux.
Et, pour devenir libre, que voulez-vous écarter d'autres que des fragments de vous-mêmes ? Si vous désirez abolir une loi injuste, dites-vous que cette loi fut écrite par votre main sur votre propre front. Vous ne pourrez l'effacer en brûlant vos traités de lois ni en lavant les fronts de vos juges, même en déversant la mer toute entière sur eux. Et si vous voulez détrônez un despote, voyez d'abord si son trône, érigé en vous-mêmes, est bien détruit. Car comment un tyran peut-il gouverner ceux qui sont libres et fiers sans qu'existe une tyrannie dans leur propre liberté et une honte sur leur propre fierté ?
Et si vous voulez éloignez un tourment, regardez dans quelle mesure ce tracas n'a pas été choisi par vous plutôt qu'imposé. Et si vous désirez chasser une angoisse, le siège de cette anxiété est dans votre cœur et non dans la main de la peur.
En vérité, toutes choses se meuvent en vous en une semi-étreinte constante groupant ce que vous désirez et ce que vous craignez, ce qui vous fait horreur et ce que vous chérissez, ce que vous poursuivez et ce que vous préférez fuir. Tout cela se meut en votre être intime comme des lumières et des ombres, par paires enlacées. Et lorsque l'ombre s'affaiblit et s'évanouit, la lumière qui persiste devient l'ombre d'une autre lumière. Et ainsi en est-il de votre liberté qui, lorsqu'elle perd ses chaînes, devient la chaîne d'une plus grande liberté.

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