9 avril 2010

Nana.


Un frisson remua la salle. Elle était nue. Nue avec une tranquille audace, certaine de la toute-puissance de sa chair. Une simple gaze l'enveloppait; Ses épaules rondes, sa poitrine d'amazone dont les pointes roses se tenaient levées et rigides comme des lances, ses larges hanches qui roulaient dans un balancement voluptueux, ses cuisses de blonde grasse, tout son corps se devinait, se voyait sous le tissu léger, d'une blancheur d'écume. C'était Vénus naissant des flots, n'ayant pour voile que ses cheveux. Et, lorsqu'elle levait les bras, on apercevait, aux feux de la rampe, le duvet doré de ses aisselles. Il n'y eu pas d'applaudissements. Personne ne riait plus. Les faces des hommes, sérieuses, se tendaient, avec le nez aminci, la bouche irritée et sans salive. Un vent semblait avoir passé très doux, chargé d'une sourde menace. Tout d'un coup, dans la bonne enfant, la femme se dressait, inquiétante, apportant le coup de folie de son sexe, ouvrant l'inconnu du désir. Elle souriait toujours, mais d'un sourire aigu de mangeuse d'hommes.

Nana - E.Zola.

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